Interview Cyril Desprès : Gagner le Dakar reste mon objectif !
A l’occasion du Salon de la Moto à Paris, nous avons pu rencontrer Cyril Desprès. Le multiple vainqueur du plus célèbre rallye raid au monde abordera le Dakar 2014 sous de nouvelles couleurs mais avec une motivation intacte. Le pilote numéro 1 de l'armada Yamaha répondra présent à l'appêl de l'Amérique du Sud : à quelques semaines du départ, il nous l'affirme lui-même sur Moto-Station !
Cyril, te revoilà au départ d'un nouveau Dakar mais au guidon d'une Yamaha YZ450F Rally. A moins d'un mois du départ on s'imagine que ta préparation touche à sa fin. Dans quel état d'esprit es-tu actuellement ?Oui moins d'un mois du départ… Je ne vais pas dire que c'est la routine du mois de décembre. Il y a trois parties en fait : tout d'abord la grosse préparation physique, qu'il faut poursuivre. Une partie concerne les bagages avec beaucoup de choses à ne pas oublier dans les affaires pour chaud et pour le froid. Et enfin, l'avant Dakar, pour en parler dans les médias. Sinon ça va, pas de problème !
Tu es passé de KTM à Yamaha. A-t-il fallu que tu travailles différemment cette année ?Non, non, ce n'est pas différent. Il faut toujours être aussi soigneux et ne négliger aucun détail. C'est ce que j'ai essayé de faire : faire le tour des détails de la moto, de la structure, de l'organisation et voir comment on peut optimiser tout ça. Il s'est passé six ou sept mois entre le changement et l'arrivée chez Yamaha, et je peux dire qu'on a optimisé, on n'a pas perdu de temps ! Entre les courses, les essais, le développement, les modifications… Là tout de suite je pense qu'on n'est pas loin d'être prêt.
Si tu n'es pas loin d'être prêt, on s'imagine que tu ne seras pas non plus loin de jouer la gagne ?Oui, je pense qu'on sera là pour jouer la gagne. La moto a quand même accumulé pas mal d'expérience durant ces trois derniers Dakar. La 450 YZ-F a déjà roulé comme ça, dans cette version, avec le même moteur, le même châssis et aussi la même injection. Et ça, c'est important surtout en Amérique du Sud avec les différences d'altitude. Tout ça fonctionne bien !
Outre le côté technique et matériel de la course, il y aura du nouveau également sur un point tout aussi important, avec ton porteur d'eau Mickaël Metge. Peux-tu nous en dire plus sur ton nouveau coéquipier chez Yamaha ?Ben écoutes... les premiers contacts ont été faits au mois de mars je crois et ça a été assez simple. Mickaël, je le connais depuis cinq ou six ans, on faisait un peu d'Enduro ensemble. Lui arrivait, moi j'étais un peu sur le départ. Physiquement, c'est un solide, il a envie de travailler et d'apprendre, il est sérieux, il est motivé ! Il y avait plusieurs personnes qui pouvait faire le job, et j'ai choisi Mickaël surtout sur ses qualités humaines. C'est vraiment important d'être dans son état d'esprit, simple et motivé. L'humilité dans la compétition - surtout sur un Dakar - c'est important. Voilà, il va dédier sa course à la mienne en fait !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]cyril despres dakar 2014D'un point de vue compétition, de plus en plus de marques s'impliquent officiellement sur le Dakar. Cela signifie également de nouveaux adversaires… Est-ce que tu y penses déjà ? Vois-tu qui pourrait être en mesure de pointer aux avant-postes ?Oui, mais maintenant on les connait plus ou moins, on les voit depuis le début de l'année ou sur les derniers rallyes. A la suite du Dakar, certains pilotes se sont montrés très rapides. Paolo Conçalves, qui est champion du monde Rallye Raid cette année en battant Marc Coma. Barreda, le jeune Espagnol, est aussi très rapide, tout comme Helder Rodrigues. Il y a donc des pilotes rapides chez Honda, il y en a aussi d'autres chez Yamaha et KTM… Bon ce n'est pas réellement ce qui m'inquiéte : après 13 Dakar, tu sais sur quoi il faut te concentrer, sur quoi tu peux dépenser de l'énergie. Mais c'est vrai qu'il y a longtemps qu'il n'y avait pas eu autant d'intérêt de la part des constructeurs. On a donc envie de dire que le Dakar en Amérique du Sud se porte très très bien.
Parlons-en du Dakar sud-américain... Les détails du tracé viennent d'être dévoilés : à quoi doit-on s'attendre pour cette édition 2014 ?Dans les grandes lignes, c'est une compétition un peu différente, avec des parcours spécifiques pour les motos et quads d'un côté, les autos et les camions de l'autre. Cela pour éviter que les camions ne doublent des motos par exemple. La séparation des pistes nous donne la possibilité d'aller sur des tracés plus étriqués et techniques, gages de plus de plaisir de pilotage pour nous. Cette année, il y aura deux journées marathon sans assistance, sans mécanicien, sans pneu, sans pièces… C'est-à-dire deux jours à la suite où, le soir, on sera livré à nous même. Et cinq jours plus tard, ça recommence : sur treize spéciales, il y en aura quatre sans assistance.
Peut-on voir là la volonté de redonner un peu plus le goût d'aventure au Dakar ?Oui. Puis, stratégiquement, il faut aussi savoir perdre du temps la première journée pour en gagner ensuite… C'est un challenge, ça fait partie du job. Je pense aussi que le Dakar voit comment les courses évoluent tout au long de l'année. Le directeur de course, David Castera, est un ancien motard et à mon avis il a vraiment envie de garder cet esprit Rallye Raid, endurance, navigation… Tant que c'est lui qui aura les clés de la maison, ça sera bien pour le Rallye Raid en général et le Dakar en particulier. La course ne doit pas se transformer en treize sprints à bloc par des pistes sans intérêt : il doit y avoir ce piment qu'est la navigation, chercher les dunes les plus hautes, les plus basses, essayer de moins se fatiguer, de ne pas tomber…
Quelle est ta conclusion avant le départ de ce nouveau Dakar ?Ecoutes, j'ai trois ans pour faire gagner une Yamaha, je n'ai pas trop de pression. Maintenant, je n'ai pas eu l'habitude de partir sur un Dakar ces dernières années sans avoir la victoire pour objectif. Avec les hommes qu'on a dans le team, avec un bon coéquipier et deux machines qui ont de l'expérience, je pense que ça peut le faire ! On ne se bat pas contre n'importe qui, on se bat contre Honda HRC qui a au moins six pilotes officiels, contre KTM qui vient de gagner douze Dakar. On y va avec des moyens un peu plus modestes, mais c'est ce qui me plait aussi dans cette aventure…
Pas de quoi démotiver Cyril Desprès…
Ah non, ça serait plutôt l'inverse !
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